Tombe n° 14 : celle de Léonie Brachet épouse Arnoux.
On notera les nombreuses tombes où sont ensevelis des Brachet. Et il y en a tout autant au cimetière protestant de Sainte-Euphémie car une des principales propriétés des Brachet était située aux Moures, sur la commune de Sainte-Euphémie.
Cette maison des Moures, habitée par un couple de la région parisienne,a auparavant été remaniée par le célèbre chef d’orchestre Jean François Paillard voir (fr.wikipedia.org/wiki/Jean-François_Paillard) et par sa femme, Christine, elle aussi musicienne talentueuse et longtemps chef de la choraleCant’Ouvèze). Nous avons évoqué le nom de Brachet Joseph et de Louis (de la tombe 6, avec le bas relief dun homme qui donne uneBibleà un enfant. ! Mais Il est attesté qu’un autre Louis est
le père d’Aimé Honoré Brachet (14 oct.1868-1934) que nous voyons ci-dessous en 1928 en photo avec sa seconde épouse Antoinette née Bayle.
Aimé aura 6 enfants, de deux épouses différentes. Le premier-né, un garçon, de prénom Aimé comme son père, est probablement représenté avec toute sa fratrie sur la dernière photode ce document. Mais il n’est pas enseveli ici.
En revanche c’est le cas de sa première sœur, Léonie Brachet, *1900- †1977, veuve AUMAGE dite la Maye. Sa fille Henriette nous a permis de reproduire ici plusieurs photos.
La tombe de Léonie Brachet est donc la première à droite en entrant.
Une forte histoire que celle de sa famille avec une double série d’enfants. Dans la première fratrie, après Aimé et Léonie, il y aurait eu un petit René qui décède à sa naissance en 1904 avecsa maman. En effet Marie Pauline ARNAUD, la première femme d’Aimé Honoré Brachet, décède en couches le 7 février 1904 lors de son troisième accouchement. Aimé (le père) se remarie le 9 mars 1907 avec Antoinette Bayle (1889-1955) . Il a 31 ans. L’ensemble de la fratrie sera donc :Aimé (fils)Jean -Félix 1896-1934 ; Léonie Marie (1901-1970, ensevelie ici à la tombe 14 et s’y s’ajoutent, d’une seconde maman,LouisPaul (1908-19..),JeanMarie Alexis (1908-1982, dont nous avons parlé et qui est enseveli à Sainte Euphémie dans le caveau familial (et non pas à Saint-Auban avecsa femme Laure) ; puisMarcel(1910-1993) facteur très aimé de la haute ouvèze, et enfinLydie(1912- 2000) infirmière, auteur du livre autobiographiqueLa petite bergère des Moures(voir plus loin) et ensevelie au Buis avec son mari Raymond Raux .
La seconde épouse d’Aimé devait être une femme exceptionnelle : Elle arrive à 18 ans dans une famille de 2 enfants dont la dernière, Léonie, a 6 ans. A 19 ans elle devient elle-même maman de deux enfants la même année : Louis (né le 2 janvier 1908) et à la finde lamême année,Jean, né le 30 déc. 1908. Aux deux enfants nés en 2008, s’ajouteront Marcel (1910) et Lydie(1912). A son mariage, en 1907 à 18 ans, elle prend donc soin des orphelins de la maman précédente : Aimé le plus âgé a 11 ans en 1907. Léonie serarapidement une aide précieuse mais bien trop sollicitée pour son âge ; elle s’en plaindra plus tard à sa fille Henriette. Léonie avait subi le sort de bien des filles, lorsqu’il n’y avait que des garçons dans la maison car ce n’est qu’en 1912 que naîtrala petite dernière (Lydie onze ans de moins que Léonie).
En 1907, cette jeune et forte maman avec 4 enfants à sa garde dès sa première année de mariage, c’est Antoinette Bayle (1889-1955) qui sera ensevelie à Sainte- Euphémie. A la fin de sa vie, elle était effacée, mince, se faufilant derrière les meules de foin de La Galane, dans les années 50, quand elle venait prêter main forte à sa belle-fille, Laure, qui venait d’avoir des jumelles au Pouzet. Habillée de noir, elle m’impressionnait car mes frères l’appelaient « la Rafagnaoude » pour me la faire craindre. En fait, c’était un ange, surtout pour ses propres enfants.
Aimé Honoré Brachet, son époux décède en 1934. Nous pensons que son propre père avait construit, sur le plateau des Moures, un ferme modeste - selon la description de sa petite- fille Lydie Brachet RAUX - mais suffisante pour tous. Il y a, toujours selon le registre protestant, un autre Brachet originaire des Moures et enseveliégalementdans ce cimetière protestant de Saint-Auban à l’âge de78 ans, mais sans stèle : C’est Antoine (*1844-†1922), lui même fils d’un Antoine Brachet (de même prénom) et de Marie Faure. D’après le registre de l’état civil (REC de Saint-Auban), cet Antoine Brachet est marié à Antoinette Maurizot (*1861† ?). Ils habitent à Serre Nouveau (=Terre neuve) et ont un fils le 16/10/1892 : Arsène Brachet. Il s’agit probablement d’un cousin du Louis de la tombe 6, né aussi en 1844. A Terre neuve, il n’y avait pas d’eau. Il fallait aller à l’Ouvèze comme le raconte Yvonne Roux-Montaud dans son témoignage de « vie de femmes » [1]
De vieille tradition protestante, les Brachet étaient presque toujours membres du Conseil presbytéral de l’Église réformée. De nombreux résumés de séances au début du XXème siècle sont signés par Aimé Brachet et surtout par Jean (Édouard) Brachet,le cousin habitant à Douas (Tombe n°12). Un temps, dans les années 60, le nom de son petit- fils, Roger Lattard, apparaîtra parmi les signatures des délibérations du Conseil presbytéral dont il faisait partie. Ces délibérations existent dans mes archives et l’original sera acheminé aux archives de Valence. De la fratrie des 6 Brachet, la plus jeune, Lydie RAUX-Brachet (1912- 2000) publiera une transcription de ses carnets personnels dans le livre La petite bergère de Moures, Ed. Barré et Dayez, Paris, 1996,119 p. (ISBN 2-902484-73-9). Claude Ravoux en possède un exemplaire. Le livre décrit sa pieuse enfance de bergère et sa vocation d’infirmière, différée pendant 10 ans pour qu’elle puisse aider à la ferme comme bergère, jusqu’à ce qu’elle entre, comme EmmaPonçon, Eugénie Rochas, Mlle Jumel, toutes catéchumènes des Pasteurs Rohr et Champendal, à l’école d’infirmières protestantes de Nîmes.
Revenons à la dernière tombe, avec l’aide des photos et des souvenirs confiés par sa fille, sur Léonie Marie AUMAGE néeBRACHET (1900-1970). C’est la sœur ainée de Jean Brachet du Pouzet mais d’une autre maman : Marie Pauline ARNAUD comme nous l’avons précisé. On l’appelait « La Maille », du nom de son quartier, au serre de Rioms : le quartier de La Maille. Dans ses vieuxjours, elle clignait souvent de l’œil gauche. Le 9 décembre 1922, elle s’était marie avec Louis Félix Aumage (1898- 1953). D’après le registre protestant des mariages, les témoins sont : son père Aimé Brachet, Aumage Aimé (son beau-père ?). Il y a aussi les signatures de sa seconde mère Antoinette Brachet née Bayle, de René Brachet, d’Anna Monnar une voisine et d’un Mourier. Tous des noms familiers…
Le mari de Léonie, Henri Louis Félix AUMAGE, outre à avoir un troupeau dont s’occupaient assez souvent sa femme et plus tard sa fille, était aussi bûcheron et transportait le bois, sur un charreton tiré par son mulet blanc. A pied, bien sûr, depuis les bois de Rioms jusqu’à à l’école et les garçons les plus âgés le débitaient. Il en livrait aussi à la poste et àla gendarmerie. Il arrivait qu’il apporte du bois au fournil de Paul TOURNIAIRE, le boulanger, quoique celui-ci ait ses propres coupes assez importantes pour cuire toujours au four à bois. Henri vendra son mulet en 1939 au moment de la mobilisation. Agréable et travailleur à l’extérieur, Henri n’avait pas toujours le caractère facile à la maison. Il pouvait bouder, dit sa fille, ne pas parler à sa femme pendant des heures s’il était contrarié. Paulette Pessin -r
Brochier raconte aussi que Léonie se plaignait parfois de ses sauts d’humeurs. Un jour il s’était allongé sur le sol en travers de la porte car il avait décidé que sa femme ne devait pas sortir.
Léonie et Henri Aumage auront trois filles, les deux premières décédées en bas âge à Rioms : Marthe le 14octobre 1925, âgée de 3 mois, et Yvonne Aimée Jeanne, le 11 juillet 1928, âgée de 4 mois. Du jour de son baptême, nous avons une photo. Puis en 1932, nait Henriette Soumille qui vit actuellement à Puyméras avec sa famille