Les noms qui manquent
Sur les 3 stèles non lisibles appuyées au mur, on chercherait volontiers le nom de Charles GALLAND, ou du moins en 1919 celui de sa femme, morte en couche de jumeaux : Marie Galland etCharlesdont le nom est encore inscrit sur sa maison de naissance. Ils habitaient au bas de la montagne de Garancier, au creux du ruisseau du Ranc, dans la maison reconstruite en 2006 par un descendant des Rochas, Laurent, pilote d’avion.
Le « grand Charles » étant veuf éleva seul ses jumeaux. Charles (Carlot) son fils, mourut hélas à 20 ans, des suites de la vaccinationàl’armée, alors qu’il devait partir à la guerre en 1939. Est-ce la vaccinationetla fête qui l’accompagna ? L’alcool ne fait pas bon ménage avec les vaccins. Marie, sa sœur, épousera M. Maurin qui n’était pas de Saint-Auban. Charles (père) est mécontent. Le jeune couple s’installe à Saint- Dizier près de Carpentras. Ils seronthorticulteurs. Après la mort de Maurin, Marie Galland se retire chez sa fille à Mirabel. C’est probablement là (ou à Carpentras) que son père Charles Galland la rejoint et où il est enseveli.
Mais dans ce cimetière protestant, le 15 juin 1910 à l’âge de 46 ans est ensevelie aussi sa belle-sœur, Eugénie Rosine Galland née Roland (de Joseph Joachim Roland et de Françoise Bonfils). Eugénie avait épousé Auguste Galland, frère de Charles. De plus, un autre Galland : Victor, cousin germain de Charles était installé au Chatelard sur la rive droite de l’Ouvèze sous le village, marié à Alix Pessin. Selon Yvonne Montaud, Victor Galland, son grand-père maternel, venait des Blaches. Il était bien cousin de Charles mais en revanche pas directement parent du dernier Galland de Saint-Auban qui habitait au pont : Léon Galland, photographié ici devant chez lui, était scieur de long (avec Paul Pessin) et fossoyeur.
La branche de Léon Galland n’était pas (ou plus) protestante. Vérifier dans les archives les noms de la liste des abjurations lors des persécutions.
En revanche Charles Galland « le grand Charles » était protestant. Il existe une photo de lui avec un groupe de voisins lors d’une pendaison de crémaillère à Nyons en 1936.
Charles était un colosse : Il portait ses jumeaux : sa fille Marie et son filsCharlot,sur son épaule, dans un grand sac de jute, lorsqu’il allait veiller chez ses voisins les plus proches (les Mourier du Pouzet puis les Ponçon) ou lorsqu’il allait au pain. Il pouvait aussi soulever dans un bourras les voisinettes, Louise et Eugénie, filles de son meilleur ami et voisin, Clément Rochas, à moins que leur frère Ernest n’ait déjà inventé une nouvelle farce, par exemple coincer les pieds de Louise derrière son cou et la faire rouler au bas du talus comme une acrobate de cirque. Tous ces personnages se trouvent sur la photo ci-dessus. L’enfant sur les genoux d’Eugénie, sa tante, est Lucien Rochas, maire de Saint Auban de 1995 à 2007. Il se souvient que Galland était de haute taille et avait « de belles et grandes oreilles ».
On ajouterait aussi le nom du Mé d’Armand. Aimé ARMAND, originaire de Vercoiran, fils de Gustave Armand et de Delphine Arnoux. Mais il est enseveli à Vercoiran. La fille ainée de Pierre Rochas avait épousé un Frédéric Armand de Vercoiran, oncle d’Aimé Armand. Ce dernier était venu dans sa vieillesse vivre en célibataire à l’Est du Pouzet dans une jolie maison de pierre, au bord du ravin où coule le trop plein de la source Gressaure. Elle avait appartenu à laFine d’Armand, sa mère ; de son vrai nom Delphine Arnoux, épouseArmand, qui venait de la famille tentaculaire des Arnoux du Pouzet , de la Tuilière et de la Ciresse. Cette maison du Mé est remarquable pour avoir conservé son sol d’origine à larges dalles naturelles, toutes de formes différentes, avec l’emplacement desanciennes trappes pour faire passer le fourrage. On peut visiter cette double maison quand les sympathiques nouveaux propriétaires, Robert et Marianne Van Verchgel (après les Seijma d’Amsterdam)sont présents à Saint-Auban et admirer l’appareillage des fenêtres et du balcon avec ses linteaux d’une seule pièce.
Le Mé était arrivé à Saint Auban sur ses vieux jours, un peu à contre cœur dans cette maison hérité de sa mère, ayant laissé son parent, un Borel garde forestier choisir entre les deux maisons dont ils étaient héritiers, après le décès de l’oncle. Borel avait préféré la maison de Vercoiran. Le Mé avait alors quitté sa maison natale où il vivait jusqu’alors. Cependant il voulait faire transporter les meubles dans sa nouvelle demeure à Saint-Auban héritée de sa mère. Il demande l’aide de son nouveau voisin Aimé Lattard. Mais le neveu n’est pas d’accord sur le déménagement et met le feu aux meubles ! Quelle histoire ! Aimé Armand était pourtant timide. On dit que jeune homme, il avait hésité tout le chemin entre Vercoiran et Justillanne : « Païre Chastel, ti vouli demanda quaoucaren », sans arriver à demander la main de la fille qu’il courtisait dans son cœur. Il parlait provençal mais avec une lenteur d’élocution étonnante. A la fin de sa vie, il avait vendu sa maison en viager à sa voisine (la fille de son ex-béguin), un peu dans l’espoir qu’elle le soigne chez elle. Mais, outre le fait qu’elle n’avait pas la fibre d’une garde- malade, Lilette avait fort à faire avec ses 4 enfants en bas âge et son propre père amputé dans ses derniers jours. Il était hors de question qu’elle puisse l’héberger alité dans ses derniers jours. IìLe Mémourra donc, comme la majorité d’entre nous, à l’hôpital du Buis, le 12 janvier 1966 Voici une photo du Mé d’Armand.
Le Mé d’Armand se trouve à l’extrême droite. A côté de lui, Charles Froment de Sainte- Euphémie et à coté le grand Charles. Cette photo est prise en fin d’après midi (longues ombres), en hiver (cols de fourrure), après la taille de la treille devant le temple de Saint Auban (début1933 ?), dans les années où les dames portaient encore des chapeaux cloches. Le jeune homme devant, en pantalons courts de golf sur la gauche, ressemble à Marcel Brachet mais étant né en 1910, il aurait alors 23 ans. Il ne peuts’agir de l’adolescent de cette photo (voir plus bas sa photo en 1928). Marcel Brachet sera par la suite facteur, excellent cycliste,décédé accidentellement à Lançon en 1995 en traversant à pied une autoroute pour rejoindre le car de l’excursion dont il faisait partie). A côté de lui, la petite dame en chapeau rond pourrait être sa tante, Rose Bayle sœur d’Antoinette Bayle, qui est de stature plus grande et se trouve derrière elle. Antoinette nous l’avons dit est la seconde épouse d’Aimé Honoré Brachet du plateau des Moures (commune de Sainte- Euphémie). Cette photo pourrait être une des dernières d’Aimé Brachet , le personnage à larges moustaches en haut de la photo avec chapeau et cravate. Il décède en 1934.
Lydie BRACHET qui se trouve aussi sur cette photo de baptême assise sur le rebord du muret du temple, avec un béret blanc. Lydie est née le 28 mars 1912. Elle deviendra infirmière, épouse de Raymond Raux, et ensevelie en 2000, comme lui au Buis. Elle est comme déjà signalé l’auteur du petit livre autobiographique :La petite bergère des Mouresqui décrit son enfance, sa piété, sa vocation d’infirmière, et sa formation à l’école d’infirmière protestantes de Nîmes. Asadroite, toujours en chapeau blanc : Mme Froment dont se souvient Lucien Rochas parce qu’elle faisait le catéchisme aux enfants dans les années 40. Les deux frères en haut à gauche semblent être Aimé et René Brachet, les deux garçons de la première femme d’Aimé-Honoré Pauline Arnaud. Mais où se trouve Léonie, née en 1900 et mariée en 1922 à Henri Aumage ? Sa fille Henriette Soumille déjà citée, ne la reconnait pas sur cette photo.
En 1928, Léonie avait perdu une fille de quelques mois qui avait vécu seulement du 11 juillet au 22 novembre 1928. Il existe une photo de ce baptême de 1928 que possède Henriette Aumage-Sémille, mariée à Puyméras.
Mais revenons à la photo mystère de 1933/34.Les baptêmes avaient souvent lieu au domicile des parents. Ce n’est pas le cas ici. L’enfant a plus d’un an. Est-ce Simone Brachet, en 1934 ? L’enfant se trouverait alors dans les bras de sa maman Laure Brachet née Arnoux (tombe 4) ? Il ne peut s’agit de la fille de Léonie Brachet épouse d’Henri Aumage : Henriette AUMAGE, née le 24 jan. 1932, est baptisée le 15 octobre 1932à 15h. Sur le registre des baptêmes, le pasteur a écrit qu’Henriette est baptisée « au temple de Sainte-Euphémie… ». De plus en octobre, on ne taille pas encore la treille, or les sarments du pied de vigne sont bien coupés. On serait plutôt à la fin de l’hiver, vers Pâques. Parmi les personnages, on reconnait certainement Ernest Rochas (de la tombe 8), au centre, tête nue. Le jeune homme en casquette caché en dessous d’Ernest Rochas est probablement René Bonfils de Sainte- Euphémie. L’acte de baptême de Simone Brachet n’est pas dans le registre des baptêmes : Ses parents résidaient peut- être à Novézan à ce moment là. (Il est attesté que leur seconde fille, Renée Brachet, est née à Venterol). Consulter les enregistrements faits à Nyons par le pasteur HenriBonifas après 1926. La dame en noir à jupe plissée et chapeau cloche semble avoir le visage de Nelly Jubic de Sainte- Euphémie. Quelle photo mystère !
Mais voilà que le même jour, à la même heure, est prise une autre photo. Elle se trouvait dans les archives de Max Bec et prêtée à Claude Ravoux. Cette fois se sont ajoutés sur la droite Nelly Ponçon et son bébé Lilette sa fille unique née le 21.10 .1932. Il y a aussi son père Léopold Ponçon.S’agit-il du double baptême de Simone et de Lilette début 1933.OrIl semble que Lilette ait été baptisée en juillet…
La richesse de ces anecdotes garde les défunts présents parmi nous. Ce sont de petites résurrections provisoires et affectueuses comme autant de salutations à leur personne, à leur parenté aussi, etaux lieux où ils ont respiré et travaillé ainsi qu’à la terre qui nous porte avec eux.